Biographie
L’abbé Hippolyte Gayraud est né le 13 août 1856 dans un petit village du sud-ouest de la France, Lavit-de-Lomagne (Tarn & Garonne). Il était le fils du maréchal-ferrant, et à n’en pas douter c’est là qu’il a trouvé la foi (voir photo 1, 2 et 3 de l’église de Lavit).
Il va ensuite poursuivre des études au séminaire de Moissac, puis vint à Montauban où se trouvaient le petit séminaire et le grand séminaire sur les quais Montmurat surplombant le Tarn et Villebourbon…
Nanti d’un doctorat en théologie, il intégra ensuite en qualité de professeur l’Institut catholique et le collège dominicain de Toulouse.
Il va alors se consacrer à l’écriture – la bibliographie qu’il a laissée est impressionnante – et axer ses recherches sur la société et la politique, plus particulièrement la démocratie chrétienne. Grand orateur, il est remarqué au plus haut niveau de l’Eglise catholique et sera désigné pour se présenter à l’élection législative de 1897 afin de succéder à Monseigneur d’Hulst, député du Finistère décédé.
Il sera donc élu, puis constamment réélu, à la Chambre des députés et devient donc un homme politique, contemporain de Jean Jaurès, d’Emile Combes, d’Aristide Briand, ou encore de Maurice Allard...
Il faut à présent se remémorer le contexte politique et social du moment : nous sommes à la fin du 19ème siècle, la révolution industrielle est en marche depuis des décennies, et s’affrontent des idéologies diamétralement opposées. D’un coté les droites catholique et monarchiste, de l’autre les radicaux, les socialistes et les tenants de la Libre pensée. Si chaque coté de l’hémicycle prétend vouloir faire le bonheur de l’humanité…les moyens exposés pour y parvenir divergent largement ! Bien évidemment, le Député Gayraud ne manque pas de faire valoir son point de vue en séance !
C’est la France « du curé » et celle « de l’instituteur public » qui s’affrontent ! et que Marcel Pagnol a si plaisamment décrite dans ses Souvenirs d’enfance dont on citera ce court extrait de La gloire de mon père : « Les écoles normales primaires étaient à cette époque de véritables séminaires, mais l’étude de la théologie y était remplacée par des cours d’anticléricalisme. On enseignait à ces jeunes gens que l’Eglise n’avait jamais été rien d’autre qu’un instrument d’oppression, et que le but et la tâche des prêtres, c’était de nouer sur les yeux du peuples le noir bandeau de l’ignorance, tout en lui chantant des fables, infernales ou paradisiaques. La mauvaise foi des « curés » était d’ailleurs prouvée par l’usage du latin, langue mystérieuse… »
Désormais homme politique, l’Abbé Gayraud fait comme tous ses collègues l’objet de caricatures ; de polémiques également, et il figure aussi dans le « Who’s Who » de l’époque : le fameux album Mariani ; dans des hebdomadaires d'actualité comme Le Pèlerin ; dans l'Almanach Vermot ; et même en vignette offerte avec des tablettes de chocolat de la maison Delespaul-Havez - entreprise qui a créé le célèbre Carambar® !
La télévision n’existait pas encore, on le vit donc parcourir sans relâche la France entière pour y participer à des débats, tel celui tenu à Toulouse le 27 mars 1892 au Pré Catelan devant 2 500 personnes tenant tête à Jules Guesde du Parti ouvrier français et que relate Jòrdi Blanc dans son ouvrage consacré à Jean Jaurès (J. Jaurès – Œuvres philosophiques tome 2, Editions Vent Terral) ; ou bien encore donner des conférences populaires comme celle de décembre 1904 à propos du projet de Séparation des Eglises et de l’Etat. Séparation à laquelle il était opposé puisque nous sommes depuis un siècle sous le régime du Concordat napoléonien qui a instauré le service public des cultes ; tutelle d’Etat qui a ses yeux représentait malgré tout un moindre mal tant les idées séparatistes s’accompagnaient d’actions de confiscations des biens et prérogatives légitimes des religions catholique, protestante et israélite – l’islam étant à cette époque absent de France.
Le point d’orgue de son action politique va bien évidemment survenir au moment des débats précédant le vote de la loi de Séparation de 1905, et postérieurement à ce vote (ce fut la crise dite des inventaires…)
Il tombe gravement malade en 1910, et espace ses apparitions et interventions à la Chambre. Il est finalement emporté par un mal sournois à l’âge de 55 ans, il y a 100 ans à présent, le 17 décembre 1911. Il repose depuis au cimetière de Bourg-la-Reine dans les Hauts-de-Seine (92).
Ce site a donc une vocation hautement historique : faire connaître depuis l'année du centennaire de sa disparition, l’œuvre laissée par l’Abbé Hippolyte Gayraud à la science politique, et aider à la compréhension de cette riche période de l’histoire de France...
Bibliographie
La bibliographie est impressionnante. Certains titres sont introuvables à l’exception de quelques bibliothèques en consultation sur place. D’autres en revanche ont été numérisés, un lien direct figure sur la date lorsqu’il est disponible tant sur ce site que sur un site tiers (en particulier la Bibliothèque nationale de France) soit en visualisation gratuite ou bien en commande par VPC classique… Au fur et à mesure de leurs numérisation, certains titres actuellement indisponibles seront rajoutés sur ce site sous formes de fichiers PDF. Attention, les fichiers présents actuellement sont volumineux et selon votre connexion cela peut nécessiter de longues minutes !
Liste de ses œuvres :
« Thomisme et molinisme. Première partie. Critique du molinisme. Réplique au R. P. Th. de Régnon », (1890) ;
« Providence et libre arbitre, selon saint Thomas d'Aquin. Thomisme et molinisme. Seconde partie », (1892) ;
« L'Antisémitisme de saint Thomas d'Aquin », (1896) ;
« Le Problème protestant », (1892) ;
« Un catholique peut-il être socialiste ? », (1904) ;
« Suggestion mentale et télépathie, essai théorique d'après la doctrine de saint Thomas d'Aquin », (1896) ;
« Saint Thomas et le prédéterminisme », (1895) ;
« La Loi de séparation et le pape Pie X », (1906) ;
« Les Démocrates chrétiens, doctrine et programme », (1899) ;
« Discours prononcé dans la discussion de la loi sur les associations, les 7 et 11 mars 1901, à la Chambre des Députés », (1901) ;
« La Séparation de l'Église et de l'État, conférence populaire faite en décembre 1904 » (1905) ;
« La République et la paix religieuse », (1900) ;
« Questions du jour, politiques, sociales, religieuses, philosophiques », (1897) ;
« La Crise de la foi, ses causes et ses remèdes », (1901) ;
« La Foi devant la raison, réponse à deux évadés », (1906).
Attention, il existe un homonyme de l'Abbé Gayraud, à ne pas confondre : il s'agissait de l'Abbé Jules Gayraud, curé de Malleville-les-Grès dans la Seine-Maritime et plus connu comme curé de Veulettes-sur-Mer ; ils sont contemporains mais l'Abbé Jules Gayraud produisait des oeuvres littéraires et poétiques. Vous pouvez dans certaines bibliothèques en ligne les trouver ensemble mais il s'agit d'une confusion...
Liens externes
- Biographie sur le site des Dominicains
- Biographie de l'Assemblée nationale
- Un excellent DVD historique sur la loi de 1905 réalisé par La Ligue de l'Enseignement (épuisé hélas, mais à visionner en HD sur Viméo)...
- Egalement à visionner sur Youtube, le même DVD (qualité d'image moyenne)
- Un livre très complet sur la loi de Séparation de 1905
- Un autre livre sur la loi de Séparation de 1905 édité par la Fédération nationale de la Libre Pensée (encore disponible à la Fnac)
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